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Henri Lagrange , résistant , mort à 23 ans pour sa lutte contre les nazis

 

 

 

20200128 133802Né le 26 décembre 1917 à Linards (Haute-Vienne), mort le 9 février 1943 en prison des suites des mauvais traitements à Saint-Étienne (Loire) ; dessinateur graveur ; militant communiste de Haute-Vienne ; résistant.

Le père d’Henri Lagrange, Léonard était à sa naissance ajusteur aux chemins de fer d’Orléans (il était en 1944 en fonction au dépôt SNCF de Limoges), 20200128 133807

 

sa mère Marie Louise Lagrange, née Branland, était couturière. La famille s’installa à Limoges en 1921. Henri Lagrange fut d’abord élève à l’école de La Monnaie puis fut admis en 1931 à l’École nationale professionnelle de Limoges (ENP) dont il suivit les cours jusqu’en 1934. Il en sortit diplômé d’un brevet. Très doué pour le dessin et la gravure, il travailla d’abord dans une entreprise de transport avant de devenir graveur. Avant guerre, il continuait sa formation en suivant des cours à l’École des beaux arts de Limoges.
Il adhéra aux Jeunesses Communistes (JC) en 1937. Réformé en 1938 en raison de sa santé fragile (il était hémophile), il devint en juin 1940 le secrétaire régional des Jeunesses communistes. Après la défaite, dès août 1940, Alphonse Denis, membre du parti communiste réunit autour de lui les premiers volontaires dont 
Georges Guingouin, prêts à s’engager contre le régime de Vichy. Henri Lagrange devenu membre de la section Limoges-ville du PC clandestin, organisa dès le mois de septembre un groupe de jeunes dans le quartier de la gare. Entré en contact avec Georges Guingouin, il devint responsable de l’imprimerie clandestine du parti. Un duplicateur fabriqué par son père, servait clandestinement à imprimer des tracts20200128 133819

20200128 134507 (une des "planques")

 

, des « papillons » appelant à manifester, des faux cachets… Ayant pris contact par le biais du Secours Rouge, auquel il participait, avec les internés du camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne), il imprima sur des feuilles de papier à cigarettes des bons de solidarité à 1 F. pour l’aide aux familles des militants internés. Mais l’imprudence à Saint-Junien d’un colleur de tracts mit la police de Vichy sur les traces d’Henri Lagrange et de ses camarades. Il s’en suivit une série d’arrestations. Arrêté le 9 janvier 1941 par la gendarmerie, Henri Lagrange demeura à la prison de Limoges jusqu’en mars 1941 puis fut remis à la justice militaire et transféré au camp de Sauveboeuf en Dordogne. En raison de sa santé précaire, il fut soigné à Périgueux puis à Bergerac.
Ses parents qui avaient été arrêtés le 30 juin 1941 furent relaxés par le tribunal militaire de Périgueux le 23 septembre 1941. Lui fut traduit devant la section spéciale du tribunal militaire de Périgueux, le 2 septembre 1941, avec Roger Artigaud, Hubert Mouveroux, André Leboucher (qui fut ultérieurement déporté), Roger Lavaux et Emile Mignot (qui fut également déporté et ne revint pas). Considéré comme le principal responsable et reconnu comme le plus âgé, il reçut, malgré la défense courageuse de son avocat Gaston Charlet, la peine maximum : une condamnation à 20 ans de travaux forcés et 20 ans d’interdiction de séjour pour « menées antinationales, propagande antifrançaise et incitation à la Résistance ». Le jugement précisait : "Lagrange commentait les émissions de Radio Moscou et distribuait à ses camarades, en vue de les diffuser, des papillons subversifs nettement outrageants pour l’armée et le maréchal Pétain". A l’énoncé du verdict il entonna suivi de ses camarades La Marseillaise.
Incarcéré à la prison de Pau le 8 septembre 1941, il fut transféré à celle de Saint-Étienne le 1er octobre 1941.Soumis à un régime carcéral renforcé, réservé aux « terroristes » les plus dangereux, son état de santé se dégrada constamment. Conduit trop tard à l’hôpital de Saint-Étienne, il y mourut à l’hôpital de cette ville le 9 février 1943. La famille rapatria clandestinement le corps à Limoges et l’inhuma à Linards le 13 février 1943. Son enterrement suivi par une foule nombreuse donna lieu dans l’assemblée à des manifestations patriotiques. Le 14 juillet 1943, le Responsable du Parti communiste pour la Région fut adressée à ses parents pour rendre hommage à leur fils et dire quel courage il avait montré en prison où malgré sa faiblesse physique, il refusa de renier son idéal, ce qui lui aurait sans doute permis de sortir et d’éviter la mort. On leur apprend aussi que les geôliers ont refusé que ses camarades viennent lui rendre un dernier hommage après sa mort.
En août 1943, un groupe de résistants FTPF de la Haute-Vienne, prit le nom d’« Henri Lagrange ». Le 14 juillet 1945, Georges Guingouin, élu maire de Limoges, fit apposer une plaque à l’entrée de la rue où il avait habité. Une rue de Limoges porte également son nom.20200128 133855
Il obtint la mention Mort pour la France en 1947 et son nom figure sur le monument commémoratif du Jardin d’Orsay à Limoges. Il fut décoré de la Croix de guerre à titre posthume en 1947.

 

(extrait de "Haute-Vienne la guerre secète" publiée par le Populaire du Centre.

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