Jourdan Jean : Né le 23 août 1900 à Paris (Ve arr.), fusillé le 30 juin 1944 sur condamnation à mort d’une cour martiale du régime de Vichy à la maison d’arrêt de Limoges (Haute-Vienne) , cultivateur , militant communiste , résistant FTPF.
Il se maria à Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne) le 22 septembre 1923 avec Elise, Clémentine Dumont. Ils eurent six enfants. Il exerçait la profession de cultivateur au hameau du Breuil, au nord de la commune de Saint-Sulpice-Laurière.
Membre du parti communiste, il devint dans le courant de l’année 1943, sans doute au moment où les premiers maquis FTPF se mirent en place à partir de l’été 1943, un FTP « légal » (conservant ses activités ordinaires mais menant dans la clandestinité des actions pour le maquis). Il était chargé sur le secteur de Saint-Sulpice-Laurière de guider vers le maquis les jeunes réfractaires du STO, et participait également à la propagande du parti communiste et au ravitaillement des maquis FTP locaux. Repéré et dénoncé, il subit en décembre 1943 une première perquisition qui amena la découverte dans une ruche de tracts, journaux clandestins du parti communiste et de munitions. Sans abandonner son métier, il prit des dispositions pour échapper aux recherches (organisation d’une cache à proximité de sa ferme). Le 4 juin 1943, alors qu’il était dans sa ferme, une nouvelle dénonciation auprès du chef de la brigade de gendarmerie de Saint-Sulpice amena l’intervention immédiate d’une unité du 8ème escadron des GMR, présents à proximité. Le hameau du Breuil fut encerclé mais Jean Jourdan armé, tenta et réussit une sortie et parvint à s’enfuir. Le 6 juin il fut finalement arrêté par la Milice, les miliciens ayant usé d’un stratagème (se faire passer pour des résistants venant s’enquérir de sa santé) pour parvenir jusqu’à lui.
Il fut conduit à Limoges et subit son premier interrogatoire par Jean Filliol

(un des fondateurs de la Cagoule) chef du deuxième bureau (renseignement) de la Milice de Limoges. Torturé à plusieurs reprises, il fut enfermé à la maison d’arrêt, dans la même cellule qu’un résistant creusois, lui-même responsable FTP, Marc Parrotin, qui devint après la guerre un historien du maquis et qui a laissé un long récit des circonstances de la vie en prison et de la mort de Jean Jourdan . Jean Jourdan fut finalement présenté le 30 juin 1944 devant une "cour martiale" créée sous l’autorité du gouvernement de Vichy, et condamné à mort par des juges français dont les noms resteront inconnus. Il fut exécuté aussitôt, à 16 heures, le 30 juin 1944.Vendredi 30 juin. Attention, les gars : ils ferment les portes ! Dans la cellule on se tait …De longues minutes passent. Et puis, c’est au dehors, l’arrivée d’un camion. Des pas cloutés frappent en cadence le pavé de la rue. De brefs commandements. Le grand portail résonne : on devine qu’il s’ouvre. Une troupe s’avance au pas cadencé. Pas de doute possible : c’est un peloton qui entre dans la prison… Soudain éclate la fusillade suivie peu après d’un claquement sec : le coup de grâce… Le peloton d’exécution revient. Les culasses basculent et se vident ensemble des cartouches brûlées dont les douilles tintent clair en tombant sur le pavé. Le portail se referme. Le camion démarre… Tout à coup, la porte de notre cellule s’ouvre. L’aumônier paraît, il a été très courageux, Jourdan , nous dit le prêtre. On l’apprendra par ailleurs, les détenus de toutes les cellules qui donnent sur l’arrière de la prison ont entendu chanter le condamné à mort… Et, nous dirent-ils sa voix ne tremblait pas quand il entonna le refrain de l’Internationale puis celui de la Marseillaise .
Jean Jourdan fut le dernier condamné à mort et fusillé de la cour martiale à Limoges.
Jean Jourdan obtint la mention Mort pour la France en novembre 1945 et fut homologué sous-lieutenant FFI. Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Sulpice-Laurière où il fut inhumé après la guerre lorsque son corps fut transféré du cimetière de Louyat à Limoges. Il figure également sur le monument commémoratif de la Résistance dans le jardin d’Orsay à Limoges.
Entre la fin janvier 1944 et la fin juin 1944, une cour martiale instituée par le gouvernement de Vichy, et contrôlée par la Milice, procéda de manière expéditive, à la Maison d’arrêt de Limoges (Haute-Vienne) à une série de condamnations à mort suivies immédiatement de l’exécution par fusillade. 26 résistants en furent les victimes.
La maison d’arrêt de Limoges est un établissement pénitentiaire à régime cellulaire construit au milieu du XIXème siècle et mise en service en 1856. Le bâtiment principal entouré de hauts murs fut construit sous la forme d’une croix, il est situé 17 bis, place du Champ de foire. La prison fut avant la seconde guerre mondiale, connue dans l’histoire de la ville par la grande manifestation ouvrière qui le 17 avril 1905 vit 3000 manifestants l’investir pour libérer des camarades ouvriers emprisonnés.
La seconde guerre mondiale aggrava considérablement les conditions d’incarcération, suite à la forte croissance de la population pénale du fait de la mise en place de juridictions d’exceptions et suite aux pénuries provoquées par les exigences du gouvernement allemand. La situation s’aggrava plus encore au cours de l’automne 1943, avec le développement des maquis et par suite la forte croissance des arrestations de résistants. L’arrivée de Joseph Darnand le 1er janvier 1944 à la tête du secrétariat au Maintien de l’Ordre accéléra encore le processus de dégradation de l’administration pénitentiaire : les miliciens investirent les prisons, les incarcérations sans titre légal se multiplièrent. L’institution des cours martiales par la loi du 20 janvier 1944 constitua le point extrême de cette dégradation. Ces cours instituées sous l’autorité du gouvernement de Vichy avaient pour objectif de juger tout individu arrêté « en flagrant délit d’assassinat ou de meurtre, de tentative d’assassinat ou de meurtre, commis au moyen d’armes et d’explosifs, pour favoriser une activité terroriste ». Composée de trois juges anonymes et itinérants, leurs actes étaient expéditifs, les sentences sans appel et les condamnés immédiatement exécutés, par des miliciens mais aussi très souvent par des pelotons de GMR requis. Une circulaire du 15 février précisait que les corps des résistants fusillés devaient être « transportés au cimetière par fourgon sans aucun cortège » puis inhumés dans la fosse commune, ce qui fut le cas à Limoges au cimetière municipal de Louyat. La cour martiale siégeant à Limoges avait autorité sur les trois départements du Limousin, Creuse, Corrèze et Haute-Vienne mais aussi sur la Dordogne et la partie du département de la Charente située à l’est de l’ancienne ligne de démarcation.
L’examen du registre des décès de la ville de Limoges pour l’année 1944, révèle ainsi une série de 9 passages entre le 31 janvier 1944 et le 30 juin 1944, date de la dernière exécution d’un résistant à la prison. Le nombre des fusillés après condamnation de la cour martiale de Vichy s’élèverait ainsi à 26 (sont pris en compte dans le registre, les décès déclarés comme ayant eu lieu au 17 bis Place du Champ de foire, adresse de la maison d’arrêt de Limoges).
Les cheminots se battent , résistent. Le sabotage, la destruction , faire sauter les locomotives est leur lot.
Les employés , les "bleus" (tenue de travail) les syndicats les FTP, la SFIO et l' AS (armée secrète) vont réaliser de grands moments de résistance. A la mi-novembre , les résistants mettent des drapeaux tricolores à Laurière, Ambazac, Saint Léger le Montagne.
L'armée de l'ombre entre enaction dès le 30 Août 1943. Les FTP 'FrancsTireursPartisans) recoivent l'ordre de saboter le pont tournant de Saint Sulpice Laurière sous le commandement du groupe Lagrange.

Le pont tournant est mis de façon à ce que les voies ne soient plus en communication. Un cheminot , met la locomotive en marche.....saute et immobilise le trafic. 24 heures pour réparer , immobilisation totale.
Le 10 septembre 1943, une bombe improvisée est posée sous le tunnel , hélas , aucun dégât. Le même cas se reproduit le 19 , le conducteur voit la charge et prévient. Dans la nuit du 19 au 20 Septembre , à côté de Leycuras , village près de Saint léger la Montagne, 2 pylones de ligne à haute tension , venant du barrage d' Eguzon, sont sabotés. A la fin de septembre , les maquisards frappent un grand coup. Il "braquent" la gare de Saint Sulpice laurière. C'est jour de paie. 4 hommes , et à la tête , Gilbert Lavrat commandant "Georges", ils vont vers le bureau de la petite vitesse. Lcommis 1ère classe Tallandier travaille et l'argent passe dans d'autres mains : 185.000 francs seront conservés pour l'entretient du détachement et le reste transmis au comité régional. Plusieurs jours suivant les GMR essaieront de capturer cette bande sans réussir.
10 novembre 1943 , un train Paris-Toulouse est coupé en 2 par une explosion.
11 Novembre 1943 :les pylônes alimentant les sous-station des Bards (Le Palais sur Vienne) sautent.
fin 43 : 10 machines du dépôt de Saint Sulpice Laurière sont sabotées.
8 juin 1944 est un jour terrible. La police allemande arrive vers 17 heures au dépôt des machines , mitraillette au poing , grenades à lea main. Les nazis tirent sur les apprentis...Barthélémy est blessé. Les ouvriers sont obligés de se rassembler dans la fosse. Hommes , femmes, apprentis , bras levés sous un soleil de plomb , obligés de rester debout. Un apprenti est blessé , les allemands refusent qu'il soit soigné. Camille Michel "ralait" , souffrait , atteint de 18 balles dans le corps. Les soins accordés trop tard , Camille mourra dans la soirée.------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Camille Michel : Né le 23 octobre 1905 à Vigeville (Creuse), exécuté sommairement le 8 juin 1944 à Limoges (Haute-Vienne) ouvrier ajusteur SNCF Résistance-Fer.
hameau de Coubarteix, commune de Vigeville. il était en 1944 employé comme ouvrier ajusteur au dépôt des machines de la gare SNCF de Limoges.
Il s’engagea dans la résistance en février 1944, au sein du réseau Résistance Fer, membre du groupe franc au dépôt de Limoges et participait au sabotage du matériel servant aux transports de l’armée allemande.
Le 8 juin 1944, vers 17 heures, une opération de recherche de résistants à l’intérieur du personnel SNCF du dépôt fut menée par la SIPO-SD accompagnée de troupes allemandes (10 agents de la Gestapo et 250 soldats allemands). Un rapport de l’inspecteur divisionnaire SNCF de Limoges, « sur les incidents graves survenus au dépôt de Limoges le 8 juin 1944 » rédigé pour sa hiérarchie le 10 juin 1944
Le 8 juin 1944, vers 17 h, M. Lespes, chef de dépôt principal et moi-même avons été prévenus que le dépôt était cerné par des troupes d’occupation accompagnées par la Gestapo et que des coups de feu avaient été tirés contre des agents de l’atelier. Voulant connaître les motifs et intervenir si possible, il nous fut interdit, sous la menace de revolvers, de quitter les bureaux et on nous prévint que nous étions arrêtés.
Ce n’est qu’au bout de 10 minutes environ qu’on nous fit sortir, en levant les bras, avec tout le personnel des bureaux hommes et femmes, y compris les sous-chefs. Tout le personnel, sauf M. Lespes et moi-même, descendit dans la fosse du chariot. Un officier de la Gestapo prit alors une liste et appela plusieurs noms. Aucun des agents figurant sur la liste n’étant présent, M. Lespes dut fournir des explications. À cet effet, il se rendit accompagné au bureau des sous-chefs où la feuille de service fut consultée.
Pendant l’absence de M. Lespes, ayant aperçu dans les premiers rangs du personnel, l’apprenti de 3e année Barthélémy Michel, blessé au bras et perdant son sang en abondance, j’essayais à deux reprises d’intervenir pour qu’on me permette de téléphoner au service médical de la gare afin qu’une infirmière nous soit envoyée de toute urgence. Satisfaction m’ayant été donnée, Mlle Magne est venue quelques instants après panser le blessé.
C’est alors qu’un soldat allemand me fit savoir qu’il y avait un autre blessé bien plus grave qui gisait dans une fosse de la remise Nord, sous une machine. Je demandais l’autorisation de m’y rendre aussitôt. Je découvrais alors l’ouvrier Michel Camille qui râlait. Sorti de la fosse, atteint de plusieurs balles, il fut soigné quelques instants après par Mlle Magne… À 18 h 30, les forces de police se retirèrent et laissèrent libre le personnel. Les deux blessés furent transportés aussitôt à l’hôpital de Limoges. L’ouvrier Michel Camille est décédé le soir même à son domicile où il avait été ramené ».
Une autre source précise que Camille Michel fut fauché au dépôt de locomotives par une rafale de pistolet-mitrailleur tirée par Hubsch, agent français de la Gestapo.
Il obtint la mention Mort pour la France et son nom figure sur le monument commémoratif du Jardin d’Orsay à Limoges, ainsi que sur la plaque commémorative de la SNCF à la gare de Limoges-Bénédictins.
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Résistance Fer :
Le mouvement est créé au début de l'année 1943 par Jean-Guy Bernard et Louis Armand secondé par Jean Marthelot, avec l'aide des directeurs de la SNCF Albert Guerville du réseau Cohors-Asturies et Emile Plouviez. Résistance–Fer est considéré comme Réseau des Forces Françaises Combattantes qui sera rattaché à la Délégation Générale. Après l’arrestation de Jean-Guy Bernard en janvier 1944 c’est Armand qui prend la direction de Résistance Fer, sous le contrôle de Jacques Chaban-Delmas. Philippe Leroy est nommé responsable du mouvement pour la région Nord tandis que Louis Lavignon ancien du réseau Combat devient responsable du mouvement pour la région Rhône-Alpes en 1944. Il est arrêté le 17 mai 1944, et meurt en déportation au camp de Neuengamme.Le réseau Résistance-Fer a été cité à l’ordre de l’armée par le général de Gaulle qui déclare le 17 mai 1945 : « Les cheminots résistants regroupés dans « Résistance-Fer » ont lutté pendant toute la durée de l’occupation avec ténacité, courage et discipline, en dépit de tous les risques, pour la cause de la France et de la liberté… ».Le film français La Bataille du rail, sorti en 1946, retrace les actions du réseau Résistance-Fer.Le 8 mai 1976, la locomotive de la SNCF type CC 6500, la CC 6572, recevra des blasons commémoratif Résistance-Fer, cette machine est actuellement conservée avec ses blasons au musée du Chemin de fer de Mulhouse. Une médaille de cet événement a également été éditée.
